27 juin 2013

Indigène négligée

J'ai découvert l'amélanchier en cegep II dans le cours de français littérature québécoise où un prof s'esquintait à stimuler l'intérêt d'une classe lymphatique qui s'intéressait à peine à un cours obligatoire.

Bien sûr, je parle de L'Amélanchier de Jacques Ferron. Je n'avais pas du tout saisi la métaphore politique, mais le prof ne m'en avait pas tenu rigueur car j'étais bien une des seules élèves passionnée par le cours. Cela le désespérait. Quand il laissait sa porte ouverte tout un après-midi afin qu'on puisse lui poser des questions sans rendez-vous, il disait qu'il faisait de la prostitution. J'avais bien aimé cette métaphore. Moi aussi, je trouvais les majorité des étudiants ingrats.

Quelques années plus tard, je passais mes étés sur le bord du lac Archambault, à faire la nanny pour 4 petits garçons. On m'y a montré de belles amélanches, sans pouvoir les nommer, mais sachant qu'elles étaient comestibles. Elles étaient un peu plus oblongues que celles-ci.



J'ai fait le lien plus tard avec l'amélanchier, arbre fruitier indigène du Québec et le roman.

Suite à un été sec l'an dernier et un mois de juin plus que pluvieux cette année, l'amélanchier canadensis de mon voisin fourni plus de fruits que les merles peuvent en manger. À chaque jour, ils sont plus rouge foncé. Voyant Fillotte cueillir-manger-cueillir-manger de joie, il m'a offert de dégarnir un peu son arbuste. Après quelques minutes nous avions un bol plein. J'ai fouillé un peu sur le net, appris d'un ami que cela s'appelait aussi des baies de Saskatoon parce que, ben oui, il y en a tout plein la Saskatchewan !

Ce soir était le grand soir.



Le Saskatoon Berry Cobbler encore tiède dans les mains, j'ai débarqué chez le voisin à l'heure du dessert. Fillotte suivait avec la crème glacée à la vanille. Ce fut une découverte surprenante. Un petit goût de cerise noire, tout en subtilité. Et ça pousse ici depuis des décennies. Et il fait de belles fleurs au printemps et de belles feuilles pourpre et orangé à l'automne. Et c'est sous notre nez alors qu'on s'achète des framboises du Mexique et des bleuets des États…